Inondations A10 : le rapport qui met en cause la gestion de Cofiroute

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“La sécurité des usagers est notre priorité” ….

mais uniquement lorsque ça rapporte !

L'A10, au niveau de Gidy, en direction d'Orléans, le 3 juin 2016.
L’A10, au niveau de Gidy, en direction d’Orléans, le 3 juin 2016. © Radio France – Stéphane Barbereau

Ségolène Royal vient de rendre public le rapport qu’elle a fait établir à la demande du sénateur Jean-Pierre Sueur après les inondations des mois de mai et juin de l’année dernière. Le Conseil général du développement durable et de l’environnement écorne la société d’autoroute et la préfecture.

Que se serait-il passé si des personnes isolées sur l’autoroute avaient été en urgence vitale alors que les hélicoptères étaient cloués au sol ? La question inquiétante est écrite “noir sur blanc” sur le rapport de 84 pages. “Les conséquences de ces inondations auraient pu être bien plus dramatiques” peut-on lire par ailleurs. Les services de Ségolène Royal, ministre de l’Environnement, ont analysé précisément pourquoi les inondations ont causé tant de dégâts sur l’autoroute A10 et dans plusieurs infrastructures de l’agglomération d’Orléans en juin dernier. Le rapport pointe des dysfonctionnements de la part de la société d’autoroutes et de la préfecture de zone, à Rennes et une “sous-estimation” des risques.

Le rapport pointe une “sous-estimation” des risques

L’absence de connaissance et de mémoire du risque de la Retrève par les autorités publiques comme par la plupart des entreprises touchées a freiné la compréhension de la situation et donc la réactivité. De plus le plafond nuageux ayant été bas les hélicoptères n’ont pas pu voler lors de la première journée et la Préfecture a été privée d’information globale sur l’inondation. Il a fallu environ 30 à 48 h pour que les services de l’Etat pour que les services de l’Etat (DDT, BRGM et les autorités décisionnaires) ne remettent l’épisode dans le contexte d’une crue de la Retrève et pour que des informations globales fiables soient disponibles.

Les recommandations quelque peu succinctes de la part de COFIROUTE sur l'A10 - Radio France
Les recommandations quelque peu succinctes de la part de COFIROUTE sur l’A10 © Radio France – Stéphane Barbereau

Les manquements de Cofiroute

Le rapport précise que Cofiroute a fait preuve “d’attentisme” ou tout du moins “d’une certaine retenue dans les actions de déviation demandées.” Au début de la montée des eaux sur l’A10, il n’y a eu qu’une simple information, pas de déviation, pas même de balisage pour éviter aux automobilistes de se jeter dans la gueule du loup. Deux cents voitures et une centaine de poids lourds sont restés bloqués plusieurs jours sur l’autoroute A10, à hauteur de Gidy.

Cofiroute n'a pas fermé l'A10, des automobilistes ont roulé dans des conditions dantesques - Radio France
Cofiroute n’a pas fermé l’A10, des automobilistes ont roulé dans des conditions dantesques © Radio France – Stéphane Barbereau

Le rapport reproche également à Cofiroute de ne pas avoir compris la dynamique du phénomène et de ne pas avoir été assez clair, voire alarmiste, dans les enceintes des cellules opérationnelles. Du coup, la préfecture de zone n’a pas juger nécessaire de fermer l’autoroute. Elle avait d’autres crises à gérer au même moment : notamment l’évacuation de la prison. L’Etat ne voyait pas l’intérêt de se créer de nouveaux problèmes de déviation de trafic obligatoire “tant que cela passait,” d’autant que les routes départementales étaient déjà inondées. La préfecture n’a su qu’à midi lors de la deuxième audio-conférence avec la société d’autoroutes que des automobilistes étaient isolés.

Les actions à mener pour Cofiroute

Une réflexion doit être engagée pour permettre aux gestionnaires d’autoroutes de couper de leur propre initiative le trafic autoroutier.

Le déroulé des événements montre à l’évidence que les décisions d’informer les conducteurs et de mettre en place des mesures de déviation ont été prises avec retard et avec une efficacité insuffisante

Cofiroute avait tout de même la possibilité d’interrompre le trafic à l’amont des zones inondées : l’A10 aurait été transformée en “parking” le temps d’organiser les demi-tours. Ainsi, les automobilistes n’auraient pas été piégés. Mais les dirigeants de Cofiroute rétorquent “qu’ils auraient pris un risque juridique si un accident était survenu sur le bouchon formé.” L’Etat demande donc à la société d’autoroute d’équiper d’éclairages les zones à risque de l’A10, de caméras et de barrières permanentes de coupures.

Des coûts importants pour la société d’autouroute

On apprend également que Cofiroute a perdu près de 5 millions d’euros en recette de péages et qu’elle a dépensé 4 millions pour prendre en charge les clients et pour les opérations de mise à sec de l’autoroute.

COFIROUTE a dépensé 4 millions pour prendre en charge les clients et pour les opérations de mise à sec de l'autoroute. - Radio France
COFIROUTE a dépensé 4 millions pour prendre en charge les clients et pour les opérations de mise à sec de l’autoroute. © Radio France – Stéphane Barbereau

Les 10 recommandations

1 – Approfondir la connaissance du fonctionnement hydrologique et hydrogéologique du bassin versant de la Retrève et compléter le recensement de l’ensemble des gouffres.

2 – Demander au Syndicat de la Retrève et à Cofiroute de réaliser un plan d’aménagement global du bassin de la Retrève sur la base d’une pluie de moyenne importance combinée à un indice d’humidité des sols élevé.

3 – Vérifier auprès du Conseil départemental les conditions de sécurisation de la trémie de Saint-Jean-de-la-Ruelle par des équipements adaptés.

4 – Surveiller les précipitations de l’année glissante et l’indice d’humidité des sols produit par Météo-France de manière combinée aux vigilances pluies de Météo-France et mettre en place par un dispositif de surveillance et d’alerte du niveau d’eau à l’amont de l’A10.

5 – Publier rapidement l’enveloppe approchée des inondations potentielles existante dans ce secteur, mettre en chantier, sans délai, la réalisation d’un atlas des zones inondables sur la base d’un relevé des laisses de crue de mai 2016 et encourager les maires à poser les repères de “crues” dans les bourgs intéressés.

6 – Demander à l’AgglO de conduire un programme de travaux garantissant une bonne gestion des eaux pluviales dans le secteur nordouest de la communauté d’agglomération d’Orléans.

7 – Par le porter à connaissance et le contrôle de légalité, maîtriser l’urbanisation dans les zones à risque et y imposer des contraintes constructives adaptées dans le cadre des documents d’urbanisme ou de la mobilisation de l’article R111-2 du code de l’urbanisme.

8 – Équiper les zones à risque de l’A10 d’éclairages, de caméras et de barrières permanentes de coupures (à l’image de celle existant au PK 54 de l’A87) pour éviter que les automobilistes ne s’engagent sur la section à risque et ne soient pris au piège.

9 – Étudier en lien avec Cofiroute et les autres sociétés d’autoroutes les modalités de fermeture à titre conservatoire d’une autoroute en pleine voie.

10 – Réaliser régulièrement des exercices de crise routière pour tester la nouvelle organisation, améliorer la liaison avec le Conseil départemental et éprouver différents dispositifs d’optimisation de l’information en retour vers les élus.

  1. Seb

    L’attentisme… ne serait-ce pas devenu une habitude chez Cofiroute ?
    L’entreprise attend régulièrement le dernier moment pour réagir surtout lorsqu’il s’agit de la sécurité des usagers, pour exemple, les salages toujours de plus en plus tardif, il arrive même que l’autoroute soit verglacée avant que les salages ne soient déclenchés.

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